Maincare veut professionnaliser la transformation des SIH
Carence de moyens alloués à la transformation numérique, manque d’industrialisation des process afférents, sécurité des systèmes d’information insuffisamment prise en compte… François-Xavier Floren, CEO de Maincare, et Jean-Michel Breul, directeur exécutif du pôle R&D & Technology chez Maincare, livrent une analyse sans concessions des SIH. Des solutions existent, ils nous présentent les leurs.
Monsieur Floren, en prenant la présidence de Maincare, vous avez déclaré qu’en France le numérique appliqué à la santé devait sortir de son modèle artisanal…
François-Xavier Floren : Plusieurs choses m’ont frappé en arrivant à la tête de Maincare Solutions. Les moyens alloués par les hôpitaux à leur informatisation sont faibles. Là où les banques y consacrent 7 % de leur budget, les hôpitaux peinent à dépasser 1,5 %. Sans moyens financiers ni ressources support, il est difficile d’être performant.
Un autre point m’a interpellé : les solutions informatiques présentes dans les hôpitaux sont très hétérogènes et peu, voire pas, interopérables. C’est dans ce sens que j’ai évoqué cette dimension artisanale. Les établissements de santé n’ont pas industrialisé leurs process de transformation numérique.
J’ajouterai que l’ergonomie des solutions ne facilite pas l’adhésion des utilisateurs.
Enfin, j’ai été très étonné de constater combien les questions de sécurité n’étaient pas suffisamment prises en compte. Les récentes attaques subies par des établissements de santé le montrent, il y a urgence à sensibiliser les utilisateurs à ces menaces. Il faut faire de la prévention, sans relâche.
Le tableau est bien sombre…
F-X F : C’est vrai, mais j’ai parallèlement relevé chez les personnels hospitaliers une disponibilité et une attention à l’autre, là où l’on peut trouver de la brutalité dans d’autres secteurs. Même s’il peut y avoir des difficultés de communication entre le monde médical et celui des supports, il est assez agréable d’être dans un environnement où le conflit et le concours pour le pouvoir ne sont pas recherchés.
Quels enseignements tirez-vous de votre expérience numérique acquise dans d’autres secteurs d’activité ?
F-X F : J’arrive d’industries critiques avec des exigences élevées en matière de standards professionnels en interne et une tolérance sur ce qui n’est pas fait par l’entreprise, avec un utilisateur final qui reste le grand ordonnateur. À force de rechercher des solutions subventionnées, le monde des éditeurs de logiciels de santé a pu oublier les utilisateurs finaux. Il faut les intégrer très tôt, en amont des projets. Ne pas s’occuper des vrais besoins des utilisateurs d’une solution, c’est passer à côté de son marché.
Comment Maincare Solutions va mettre en pratique de telles ambitions ?
Jean-Michel Breul : Ce que l’on fait bien à l’intérieur se voit à l’extérieur. Pour y arriver, nous avons redéfini le processus Agile, avec des product owners en relation avec les soignants et les médecins, pour développer des fonctionnalités dans les produits.
Pour le dossier patient informatisé, nous mettons en place un collège médical afin d’intégrer nos clients au cycle de vie du développement des logiciels produits.
Pour l’accompagnement, nous déployons un nouveau mode de fonctionnement, avec un nouvel Extranet et une facilité d’interaction entre nos clients et nos équipes, mais aussi de nouveaux services de proximité et de ormation à nos produits de même qu’aux évolutions réglementaires auxquelles doivent se conformer nos clients. Nous mettons également l’accent sur l’accompagnement à la sécurité des SI, un peu négligée par les établissements dans leur mode de gestion et leur couche technique, pour un environnement sécurisé et stabilisé permettant d’apporter le service aux utilisateurs. Nos experts sécurité dispensent à cet effet des mises à niveau de bonnes pratiques, tant le thème de la sécurité des SI est central.
Les programmes nationaux en faveur du numérique en santé vous paraissent-ils suffisants pour opérer les transformations informatiques nécessaires dans les établissements de santé ?
F-X F : Oui, dans le sens où tutelles, établissements de santé et éditeurs souhaitent avancer ensemble dans une même direction. Cependant, il faut veiller à ne pas courir après plusieurs priorités en même temps, mais à les atteindre les unes après les autres.
J-M B : Les directives nationales (identifiant national de santé, Espace numérique de santé, etc.) conduisent à la mise en place d’un tronc commun de normalisation, avec un calendrier formel à respecter. Nous pourrons ainsi unifier les pratiques et accélérer la transformation, en nous concentrant sur les fonctions à rendre aux professionnels de la santé.